C’est désormais le temps de l’apaisement au sein de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). Après la suspension du mot d’ordre de grève de l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence (USYCAA), il est annoncé une réunion en présentiel du Conseil des Ministres (en charge de l’aviation) le lundi 17 octobre à Dakar au Sénégal. L’information est contenue dans une note publiée ce 26 septembre et signée du Président du Conseil des Ministres, le Nigérien Oumarou Malam Alma.
Selon la même source, l’ordre du jour porte exclusivement sur la plateforme revendicative des contrôleurs aériens de l’Agence. Dans un communiqué, publié ce même jour, confirmant sa participation au dialogue apaisé et responsable, l’USYCAA souligne que « ses 8 revendications critiques pendantes depuis plusieurs années et constamment mises sur la table de discussions sont essentiellement relatives au renforcement des capacités opérationnelles, à l’épanouissement professionnel et au plan de carrière du Contrôleur Aérien de l’ASECNA ».
Il faut dire que les Contrôleurs Aériens de l’ASECNA et la direction générale s’écharpent depuis 2017, sur plusieurs points de revendication. La situation s’est envenimée ces derniers mois au point de conduire, après deux reports de préavis, à la grève du 23 septembre qui a significativement perturbé le trafic aérien dans plusieurs aéroports d’Afrique de l’Ouest et du Centrale.
Sur l’impact de ce mouvement social, c’est bataille des chiffres. L’Union syndicale parle d’une « grande mobilisation […] assidument suivie par 716 Contrôleurs Aériens (94,12 % des effectifs) dans 39 tours de contrôle et 12 Centres de Contrôle Régionaux (CCR) dans les 17 pays, avec une perturbation importante de 87, 65 % des vols lors de la journée du 23 septembre dans l’espace aérien sous sa responsabilité ». Pour sa part, la direction générale de l’ASECNA affirme que « malgré la grève, nous avons réussi à gérer 85 % du trafic le 23 septembre et 81 % du trafic le 24 septembre ». La pléthore de communiqués (retards, annulations, déroutements et reports de vol) des compagnies aériennes laisse tout de même penser que la perturbation a été significative, notamment sur les vols intra-africains et internationaux.
Une certitude, les aiguilleurs du ciel et l’administration de l’ASECNA tentent désormais de souffler le calumet de la paix. Preuve de l’accalmie, la direction affirme avoir « suspendu toutes les sanctions disciplinaires ainsi que les poursuites devant les juridictions pénales ». Même son de cloche pour l’Union syndicale qui précise que « la suspension du mot d’ordre de grève, initialement pour une période de 10 jours, puis prorogée jusqu’au 20 octobre à la demande du Président du Comité des Ministres pour contrainte de calendriers, témoigne bien de cette volonté manifeste et responsable d’ouvrir des négociations sincères et d’aboutir à des résultats concrets et conciliants ».